Croustillante Petite anecdote


Un bon matin d’hiver sur l’altiport déneigé de Courchevel, le Piper équipé de skis, s’apprête à décoller sur roues dans la pente de 15 %. Destination le glacier de Bellecôte. Après une prise d’altitude sans encombre, l’avion est maintenant en reconnaissance avant un premier atterrissage sur ledit glacier. Les skis sont en position basse, le vent est calme et la neige vierge poudreuse est estimée à 15 centimètres d’épaisseur…
L’altimètre indique 11500 pieds quand l’avion se présente en longue finale avec comme repaire d’atterrissage, un rocher situé sur main droite. De là, il y aura l’arrondi, le toucher, la remontée, le virage à gauche bille au milieu dans le devers et, en vue d’un autre atterrissage en école, le décollage sur un axe prédéfini.

Le contact avec la neige poudreuse offre toujours cette magnificence… une volupté, dans une  glisse somptueuse est souple.
Mais là, horreur, rien de tout cela. L’avion stoppe net comme s’il s’agissait d’un appontage. L’équipage est projeté dans ses bretelles. Le Piper s'est brusquement planté. Il n’a pas eu l’opportunité de glisser jusqu’au point haut d’arrivée précaunisé. Le moteur resté à fond, rien n’y fait. L’avion est immobile. L’équipage essaie de comprendre ! Le premier doute, celui des skis en position basse est vérifié. Le second doute, s’être vraiment trompé sur les qualités de glisse de la neige. Là non plus, aucun doute, la neige est poudreuse et moyennement froide. Les skis se sont enfoncés comme prévu d’une quinzaine de centimètres. Mais alors, d’où vient le problème ?


photo JN Lesavre


Le moteur est mis sur ralenti, l’équipage sort dans la neige fraîche, fait tant bien que mal dans la pente, le tour de l’avion à la recherche de la cause de l'incident. Le ski arrière est bien à sa place et les skis principaux ne semblent pas avoir subit de dommages, du moins sur les parties visibles. Les câbles de butées sont correctement en place et les fixations des articulations ne semblent pas être faussées. Reste le dessous des skis, les semelles… mais quoi ? un arrachement de revêtement ?

Après avoir arrêté le moteur, l’instructeur propose de manœuvrer les skis en position haute afin d’avoir accès aux semelles. Pour cela, il sera nécessaire de lever l’aile d’un côté afin de soulager le circuit du vérin hydraulique et faire ainsi remonter l’un des deux skis. Pour cette manœuvre il est glissé sous le ski en question un des coussins de siège afin que la roue ne s’enfonce pas trop dans la neige.
À 3000 mètres d’altitude, les poumons et le cœur étant vite en surchauffe, la manœuvre prend du temps.
Au bout de longues minutes d’efforts, un ski est enfin complètement relevé. L’instructeur glisse aussitôt une main sous la semelle et implacablement, le verdict tombe.

La semelle n’est pas endommagée, mais de petits blocs de glace stationnent sur le pourtour du puit de roue. C’est donc cette glace qui fait ancrage. Il ne reste qu’à gratter le dessous pour les éliminer.  Quelques menues monnaies en fond de poche feront office de grattoir.
L’opération est ensuite répétée pour l’autre ski.
L’avion à nouveau opérationnel et le moteur redémarré, l’instructeur demande à son élève resté dans la neige, de suivre l’avion jusque vers la bosse d’arrêt initialement prévue.

Le dépannage ayant quand même duré une bonne heure, il serait temps de penser au retour vers Courchevel.
Mais pourquoi cette glace sous les skis ?

Sur la plate-forme de l’altiport déneigé, subsistent souvent quelques flaques d’eau ça et là. Le Piper ayant malencontreusement roulé dans l’une de ces petites flaques,  de l’eau s’est alors déposée sur le dessus des skis qui a dégouliné en-dessous, se transformant en glaçons sous les semelles aux températures négatives lors du décollage…

À bon entendeur….
Juicy little anecdote
A good morning at the Courchevel altiport, the Piper equipped with skis, prepares to take off on wheels on the 15% slope. Destination the Bellecote glacier. After gaining altitude wihout incident, the plane is now reconaissance before a first landing on the glacier. The skis are in a low position, the wind is calm and the virgin powder snow is estimated at 15 centimeters thick. The altimeter indicates 11,500 feet when the plane arrives on  long final with à rock located on the right hand as on landing spot. From there, there will be the flare, the touchdown, the ascent, the ball left turn in the middle into the slope and, with a view to another school landing, the takeoff on a predefined axis. The contact with powder snow always offers this magnificience... a volutuousness, in a sumptuous and supple gliode. But there, horror, none of that. the plane stops suddenly as if it were a plane on an aircraft carrier. the crew is thrown into their shoulder straps. the Piper suddently stalled. He aooportunity to slide to the precaunized high point of arrival. The engine remained at full speed, nothing happened. The plane was stationary. The crew is trying to understand ! The first doupt, that of the skis in the low position is verified. The second doupt, having really been wrong about the sliding qualities of the snow. There too; no doupt, the snow is powdery and modertely cold. The skis sank as expected by around fifteen centimeters. But then, where does the problem come from ?
The engine is idled. The crew goes out into the fresh snow, does as best they can on the slope, goes around the plane in search of the cause of the incident. The rear ski is in its place and the main skis do not seem to have suffered any damage, At least on the visible parts, the stop cables are correctly in place and the joint fixings do not seem to be distorted. There remains the bottom of the skis, the soles... but what ? a tearing of the coating ?
After stopping the engine, the instructor suggests maneuvering the skis into the high position in order to have access to the bases.
 To do this, it will be necessary to raise the wing on one side in order to relieve the hydraulic cylinder circuit and thus raise one of the two skis. for this maneuver, one of the seat cushions is slipped under the ski  in question so that the wheel does not sink too much into the snow.
At 3,000 meters altitude, the lungs and heart quickly overhead, the maneuver takes time.  After long minutes of effort, a ski is finally completely raised. The instructor immediately slips a hand under the sole and implacably the verdict falls.
The sole is not damaged, but small blocks of ice remain around the edge of the wheel well. It is therefore this ice which provides anchorage. All you have to do is screpe the underside to remove them. A few small coins in the bottom of your pocket will act as a scraper.
The operation is then repeated for the other ski.
The plane is operational again and the engine restarts, the instructor asks his student who remains in the snow to follow the plane to the initially planned stopping bump.
The repair having still lasted a good hour, it would be time to think about retourning to courchevel. But why this ice under the skis ?.
On the snow-cleared altiport platform, there are often a few puddles here and there. The Piper having accidentally rolled into one of these small puddles water was then deposited on the top of the skis which dripped below, transforming into ice cubes under the soles at negative temperatures during takeoff.
A word to the wise, hello !